Intégrer une formation d’aide-soignant entièrement prise en charge nécessite de bien comprendre les conditions d’accès, les profils concernés, les dispositifs de financement ainsi que les démarches à anticiper. Plusieurs solutions gratuites ou rémunérées existent, permettant d’accéder à ce métier en forte demande, que l’on soit demandeur d’emploi, salarié en reconversion ou agent hospitalier souhaitant évoluer.
Vérifier son éligibilité à une formation aide-soignante entièrement prise en charge
Les prérequis réglementaires
Avant de déposer un dossier, il convient de s’assurer de remplir plusieurs conditions essentielles. Sans elles, l’inscription en institut de formation aide-soignant (IFAS) ne sera pas retenue, même avec une solide motivation.
Généralement, il faut :
- Avoir au moins 17 ans lors de l’entrée en formation (pas de limite d’âge supérieure).
- Justifier d’un français suffisant pour suivre les enseignements, assimiler les protocoles de soins et échanger avec les patients. Aucun diplôme n’est exigé, mais un niveau 3e / CAP facilite vraiment le suivi.
- Fournir un certificat médical d’aptitude rédigé par un médecin, garantissant que vous pouvez exercer (station debout prolongée, port de charges, horaires variables, exposition à des produits biologiques…).
Les vaccinations sont souvent obligatoires pour les stages :
- Hépatite B (schéma vaccinal complet, parfois avec sérologie).
- DTP à jour (diphtérie, tétanos, poliomyélite).
- D’autres vaccins peuvent être demandés selon les établissements (coqueluche, Covid-19...).
Un rendez-vous précoce avec votre médecin traitant permet d’anticiper les délais de vaccination et d’éviter des formalités bloquantes avant les premiers stages.
Les profils prioritaires ou éligibles
La prise en charge totale de la formation cible principalement certains profils, selon les critères fixés par les Régions et France Travail :
- Demandeurs d’emploi inscrits à France Travail, qu’ils perçoivent une indemnisation ou non.
- Jeunes de 16 à 29 ans sans qualification, ou en reconversion rapide vers un secteur porteur.
- Salariés du secteur sanitaire, social ou autre, engagés dans une reconversion vers le soin.
- Agents hospitaliers déjà en poste (ASH, AVQ, agents de service) souhaitant évoluer par promotion professionnelle.
Selon votre situation, la Région, France Travail, votre employeur ou l’OPCO (organisme de financement de la formation des salariés) peuvent assurer le financement. Une rencontre avec un conseiller (France Travail, mission locale, RH, Cap emploi) est essentielle pour repérer le dispositif adapté avant toute candidature.
Les types d’établissements formateurs et la gratuité
Plusieurs structures permettent d’intégrer une formation aide-soignante gratuite :
- IFAS publics rattachés à des hôpitaux ou lycées professionnels.
- IFAS privés d’associations ou à but non lucratif.
- Écoles de la Croix-Rouge.
- Organismes de formation continue, type Greta.
- Centres Afpa.
Quand la formation bénéficie du financement régional, la collectivité prend directement en charge les frais d’inscription : vous n’avez rien à avancer. D’autres avantages peuvent s’ajouter :
- Une rémunération de formation pour les demandeurs d’emploi.
- Le maintien partiel ou total du salaire en reconversion interne.
- Des aides pour le transport, l’hébergement ou la restauration, selon la Région.
Chaque territoire applique ses propres modalités, mais l’objectif reste d’accéder à la formation sans frais d’inscription. Pour vérifier la prise en charge et les conditions, consultez les sites de votre Conseil régional et les pages formation des IFAS.
Les dispositifs publics qui rendent la formation gratuite
Le financement régional
Les Régions jouent un rôle majeur pour rendre la formation gratuite, surtout au sein des IFAS publics ou privés sous contrat.
Elles publient chaque année des appels à candidatures pour des places entièrement financées, ce qui se traduit notamment par :
- Des quotas de places subventionnées : vous ne payez (quasiment) pas les frais, la Région règle directement l’IFAS.
- Des bourses sanitaires et sociales : attribuées sous conditions de ressources, calquées sur les bourses étudiantes.
Le montant des bourses dépend :
- Du revenu familial (plafonds à respecter).
- De la situation sociale (enfants à charge, parent isolé…).
- Parfois de la distance domicile–formation.
Les aides peuvent couvrir une part conséquente de vos frais de vie. Il est crucial de bien consulter :
- Les plannings d’inscription régionaux.
- Les critères d’attribution des aides.
- Les délais pour déposer les dossiers.
Le compte personnel de formation (CPF) et ses abondements
Le CPF regroupe les droits à la formation acquis pendant votre vie professionnelle. Lorsque l’IFAS est éligible au CPF, vous pouvez l’utiliser pour financer la formation, en totalité ou en partie.
Deux scénarios fréquemment rencontrés :
- Votre CPF couvre l’intégralité : la formation ne vous coûte rien.
- Le montant CPF est insuffisant : il reste donc une partie à financer.
Plusieurs solutions permettent de compléter :
- Un abondement régional.
- Un abondement OPCO (pour les salariés).
En cumulant plusieurs sources, la formation peut ainsi devenir gratuite.
Les aides France Travail / Pôle emploi
Si vous êtes demandeur d’emploi, France Travail (ex-Pôle emploi) propose deux types de soutien.
Pour le financement de la formation :
- L’Aide individuelle à la formation (AIF) peut compléter les prises en charge de la Région ou du CPF.
Pour disposer de revenus pendant la formation :
- La RFPE (Rémunération de formation Pôle emploi) est destinée aux personnes non indemnisées par l’assurance chômage.
- Si vous percevez déjà l’ARE, il est habituellement possible de maintenir vos droits le temps de la formation, sous conditions.
Tout cela nécessite d’anticiper et de valider avec votre conseiller.
Le projet de transition professionnelle (PTP)
Le PTP (ex-congé individuel de formation) concerne les salariés souhaitant changer de carrière pour devenir aide-soignant.
Sous réserve d’ancienneté dans l’emploi, il permet :
- La prise en charge partielle ou totale des frais pédagogiques.
- Le maintien partiel du salaire (en général entre 60 % et 100 %).
La demande s’effectue auprès de l’association Transitions Pro de votre région avec un dossier précis : projet, devis IFAS, calendrier.
Ce dispositif offre l’avantage de se réorienter sans rupture de rémunération.
Autres coups de pouce financiers
D’autres aides peuvent compléter le dispositif :
- Aides au transport : participation au coût des déplacements.
- Aides à l’hébergement : prise en charge d’une partie du logement près de l’IFAS.
- Aides à la restauration : tarifs préférentiels, chèques-repas, soutien pour les repas du midi.
De plus, pensez à mobiliser :
- Les fonds sociaux des mutuelles.
- Les caisses de retraite (notamment lors d’une reconversion).
- Les CCAS (centres communaux d’action sociale) en mairie.
En combinant ces différentes aides, beaucoup de candidats réussissent à limiter, voire annuler, les frais restants liés à leur formation.
Les formules de formation rémunérée : gagner un salaire tout en se formant
Contrat d’apprentissage aide-soignant
Le contrat d’apprentissage permet de suivre la formation tout en recevant un salaire, sur une durée de 18 à 24 mois généralement, alternant temps en IFAS ou CFA et temps en établissement de santé.
La rémunération varie selon l’âge et l’avancement :
- 16-17 ans : 27 % à 43 % du SMIC.
- 18-20 ans : 43 % à 55 % du SMIC.
- 21-25 ans : 53 % à 70 % du SMIC.
- 26 ans et plus : au moins le SMIC, voire plus selon la convention.
Les employeurs bénéficient de mesures incitatives (allègements de charges, aides diverses).
Pour postuler :
- Identifier un employeur (hôpital, clinique, EHPAD…).
- S’approcher d’un CFA/IFAS ouvert à l’apprentissage.
- Monter un dossier (CV, lettre de motivation…).
Contrat de professionnalisation
Le contrat de professionnalisation s’adresse surtout aux jeunes (16-25 ans), aux demandeurs d’emploi et aux adultes en reconversion.
La rémunération est un pourcentage du SMIC, variable selon l’âge :
- Moins de 21 ans : minimum 55 % du SMIC.
- 21-25 ans : minimum 70 % du SMIC.
- 26 ans et plus : SMIC ou 85 % du salaire minimum conventionnel.
L’OPCO accompagne l’employeur pour le financement et la gestion administrative : pour le bénéficiaire, cela signifie une formation financée avec garantie de rémunération.
Promotion professionnelle des agents hospitaliers (PPAS)
La PPAS cible les agents hospitaliers déjà employés (fonction publique hospitalière), généralement après au moins 3 ans d’ancienneté.
Pendant la formation, l’agent conserve son salaire et la formation est intégralement financée par l’employeur public ou l’ANFH. Cette option permet de progresser sans perdre de stabilité financière.
Maintien ou majoration des allocations chômage durant la formation
Pour les demandeurs d’emploi, certaines formations d’aide-soignant permettent :
- De maintenir l’ARE (Allocation de retour à l’emploi).
- De percevoir l’ASP (en CSP).
- D’obtenir la RFPE si l’on n’est pas indemnisé au titre du chômage.
Le montant et la durée varient selon la situation initiale ; veillez à signaler votre entrée en formation auprès de France Travail pour adapter vos droits.
Employeurs finançant une VAE partielle puis un complément de formation
Certains employeurs privés ou associatifs adoptent une approche progressive :
- Valorisation de vos acquis (VAE aide-soignant partielle).
- Formation complémentaire rémunérée pour valider les blocs de compétence restants.
L’entreprise peut financer :
- Les frais de VAE (dossiers, accompagnement).
- Le salaire sur le temps de formation complémentaire.
- Les coûts pédagogiques éventuels.
Ce parcours permet d’accélérer l’accès au diplôme, de réduire les coûts et de sécuriser le revenu du candidat.
Démarches pratiques pour sécuriser sa place et son financement
Repérer les sessions et quotas IFAS subventionnés
Pour maximiser vos chances d’obtenir une place financée, il vaut mieux procéder avec méthode.
Consultez :
- Les calendriers sur le site national et régional (périodes d’admission, dispositifs pris en charge, modalités d’alternance et aides spécifiques).
- Les plateformes d’orientation régionales (“Oriane”, “Cléor”...).
Vous pourrez y trouver :
- La liste des IFAS,
- Les quotas de places financées,
- Le type de financement proposé (bourse, alternance…).
Tenir à jour un tableau récapitulatif (Excel ou carnet) facilite la gestion des candidatures et des échéances clés.
Préparer son dossier de sélection
Ciblez les sessions correspondant à votre profil puis mettez toutes les chances de votre côté.
La sélection comporte le plus souvent :
- Une étude du dossier scolaire et professionnel,
- Des entretiens oraux axés sur la motivation, le projet, la connaissance du métier,
- Parfois des tests écrits.
Avec un bac pro SAPAT/ASSP ou un titre du secteur sanitaire et social, certaines dispenses ou validations peuvent s’appliquer : renseignez-vous.
Pour l’oral, développez :
- Un projet professionnel clair : pourquoi aide-soignant ? Quel sens pour vous ?
- Des exemples concrets illustrant vos qualités humaines (écoute, patience, gestion du stress…),
- Une présentation soignée de vos documents, une tenue simple et professionnelle.
Monter son plan de financement pas à pas
En parallèle, évaluez votre financement :
- Simulez votre CPF pour vérifier vos droits mobilisables.
- Contactez votre Région pour connaître les aides (frais, bourses, rémunérations).
- Remplissez, si besoin, un dossier de bourse.
Si vous visez l’alternance, une lettre d’engagement employeur (même conditionnelle) rassure l’IFAS et les financeurs.
Obtenir l’accord de France Travail / de l’OPCO
Pour les demandeurs d’emploi : prenez contact dès que possible avec France Travail, muni d’une plaquette IFAS, du devis de formation et d’un dossier détaillé.
Respectez scrupuleusement les délais : certaines demandes de prise en charge doivent être déposées plusieurs semaines avant la rentrée.
En alternance ou contrat pro, l’OPCO de l’employeur assure souvent le financement. Anticipez pour réunir tous les documents nécessaires et éviter tout contretemps.
Trouver rapidement un employeur
Ciblez les établissements qui recrutent fréquemment :
- Hôpitaux, cliniques,
- EHPAD, établissements pour seniors,
- SSIAD, services à domicile,
- Centres spécialisés pour personnes en situation de handicap.
Diversifiez :
- Salons emploi/formation,
- Réseaux personnels et professionnels : anciens stages, contacts, proches,
- Candidatures ciblées, avec CV à jour et message personnalisé.
Préparez un argumentaire synthétique : motivation, parcours, qualités humaines, projet concret.
Check-list « zéro oubli » avant le début de la formation
Avant la rentrée, sécurisez tous les points :
- Contrat (alternance, pro) ou convention de formation signée,
- Confirmation d’inscription à l’IFAS,
- Vaccinations à jour,
- Ouverture ou mise à jour de la couverture sociale (sécurité sociale, mutuelle, aides logement…),
- Organisation du transport, garde d’enfants, budget mensuel.
Vous pourrez alors aborder la formation sereinement, l’esprit libre pour vous consacrer à l’apprentissage du métier.
L’accès à une formation d’aide-soignant gratuite ou rémunérée repose sur une préparation rigoureuse : bien connaître les prérequis, activer les bons financements et effectuer toutes les démarches dans les temps garantissent la réussite de votre projet professionnel.
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